• Morlaix.Paroles de soignants

    Le projet médical de l'hôpital? La rentabilité!!!

    Le mot d’ordre, c’est l’augmentation des parts de marché, « non seulement nous sommes sous pression, mais il faut également que nous amenions de nouveaux clients car c’est maintenant le terme de plus en plus utilisé.Tout est vu sous l’angle de la rentabilité, ainsi : « les patients du privé reçus en consultation à l’hôpital… (eh oui, il y a des consultations privées) sont prioritaires par exemple pour passer un scanner … ils paient mieux, donc les patients du public peuvent attendre ! »
    L’ambulatoire, ça peut rapporter : « on rajoute 2 ambulatoires dans une chambre à un lit, ça permet de facturer 3 prix de journée… » tant pis pour le confort des malades ! « Des malades chroniques sont hospitalisés parfois des années sans qu’on s’interroge sur leur devenir ou sur les structures à prévoir pour les accueillir à leur sortie » mais à 500 euros la journée, ça vaut le coup et tant pis pour le trou de la sécu !
    « On n’a plus de temps pour les patients »
    « on nous supprime 6 minutes par jour, l’équivalent de 3 RTT, et avec la même charge de travail », « le personnel absent n’est pas remplacé, la charge retombe sur les collègues et à la longue ça peut détériorer l’ambiance » « parfois on déshabille un service pour en habiller un autre », « En plus, la charge administrative nous dévore : sur 7,30 heures de travail, on a 2 heures d’administratif », « le rapport humain avec le patient est compté, on augmente donc le risque de fugues, de chutes, voire pire … »
    « Je ne reconnais pas le métier que j’ai appris »
    « On ne choisit pas de prendre soin de l’autre par hasard, on est dans l’empathie, donc à un moment donné on est dans la souffrance car on ne peut pas donner de sens à ce qu’on fait », « les toilettes sont chronométrées, c’est intrusif, humiliant », « on a plus le temps de répondre aux questions, d’apaiser les angoisses », « je redoute qu’un malade me dise qu’il n’a pas le moral parce que je n’ai pas de temps pour l’écouter et le réconforter »

    Un personnel dévoué mais non reconnu.
    « Nous sommes sous payés, nos salaires stagnent depuis 2010 », « il y a de plus en plus de précarité : avant, un(e) contractuel(le) était titularisé(e) au bout d’un an, un an et demi, maintenant c’est 4/5 ans », « il faut être disponible à tout moment, on peut être appelé(e) pendant nos périodes de repos, donc on a plus de vie de famille normale, on ne peut jamais être tranquiles » mais en plus, « nous ne sommes pas écoutés, si on parle de la détérioration de la qualité de la prise en charge des patients, on nous répond : c’est votre ressenti … ». « Nous sommes de plus en plus en souffrance, le temps de carrière d’une infirmière est de plus en plus court, il est de 7 ans actuellement »
    Et pourtant, ces soignants que nous avons rencontrés manifestent malgré tout une vraie conscience professionnelle, réussissent à garder l’amour de leur métier et le souci des malades, mais ils sont scandalisés de voir ce que l’on est en train de faire de l’hôpital public et se demandent ce que l’on veut.

    Le détruire ? Faire de la place pour le privé ? …

    Propos recueillis par Michèle Abramovicz

     

     

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