• Crise de la dette : Le plan B fou sur lequel Yanis Varoufakis travaillait en secret pour sauver la Grèce

    CRISE DE LA DETTE

                   |  Par Publication: 26/07/2015 23h00

    INTERNATIONAL - Face aux exigences de l'Union Européenne pour gérer la crise qui frappe son pays, l'ancien ministre grec des Finances semblait avoir tout prévu. Y compris de créer un système bancaire parallèle qui aurait permis à Athènes de continuer à fonctionner si la BCE mettait un terme à son aide d'urgence.

    Cet incroyable plan B a été dévoilé dimanche 26 juillet dans la matinée par le quotidien grec I Kathimerini qui rapporte des propos attribués à Yanis Varoufakis lors d'une conférence téléphonique organisée à Londres par des fonds souverains et fonds de pensions principalement asiatiques jeudi 16 juillet.

    Au menu de ces révélations: groupe de travail secret en comité très restreint, piratage de la plateforme de l'administration fiscale grecque, possibilité de revenir à la drachme d'un instant à l'autre. L'OMFIF, qui organisait la fameuse conférence téléphonique, a d'ailleurs rendu public lundi 27 juillet – avec l'accord de Varoufakis – cet enregistrement que vous pouvez écouter (en anglais) en cliquant ici.

    "Feu vert" de Tsipras pour "un plan B secret"

    Le journal grec assure que Yanis Varoufakis a raconté avoir été chargé par Alexis Tsipras en décembre 2014, avant l'élection de Syriza, de se pencher sur une plan de secours en cas d'échec des négociation avec l'UE.

    "Le premier ministre, avant de gagner l'élection en janvier, m'a donné son feu vert pour trouver un plan B. J'ai donc assemblé une petite équipe qui est restée secrète pour des raisons évidentes".

    L'objectif? Trouver un moyen de transférer des fonds directement des contribuables aux organisations sans avoir à passer par les banques, au cas où ces dernières aient à fermer faute de liquidités fournies par la BCE. "Nous voulions créer, discrètement, des comptes de réserve rattachés à chaque numéro fiscal, et permettre ensuite à chacun d'y accéder facilement avec un code".

    "Imaginons par exemple que l'État doive un million d'euros à un laboratoire pharmaceutique pour l'achat de médicaments pour le compte de la Sécu. Nous aurions pu immédiatement faire un virement vers le compte de ce laboratoire grâce à son numéro fiscal puis lui y donner accès avec un code pour qu'il l'utilise ensuite comme un mécanisme de paiement parallèle pour n'importe quel autre versement vers n'importe quel autre numéro fiscal".

    "Nous avons décidé de pirater le logiciel de notre propre ministère"

      Si l'accès aux bâtiments et machines qui auraient permis la manipulation a été possible une fois Varoufakis devenu ministre des Finances, le quotidien cite ce dernier expliquant que la mission est devenue bien plus compliquée quand il s'est aperçu que la direction générale des impôts était en fait sous le contrôle d'un représentant de la troïka.

    Pour ne pas éveiller les soupçons de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, Varoufakis aurait alors recruté un ami d'enfance, expert informatique et devenu professeur d'IT (technologie de l'information) à l'Université Columbia, pour pirater la plateforme fiscale.

    "Une semaine plus tard, il m'appelle et me dit: 'Je contrôle les machines mais pas le logiciel, il appartient à la troïka. Je fais quoi?' On s'est vus, sans que personne ne le sache, et je lui ai dit que si je demandais une autorisation, la troïka serait immédiatement au courant que nous tentons de créer un système parallèle. Et nous avons décidé de pirater le logiciel de notre propre ministère juste pour copier les numéros fiscaux enregistrés sur la plateforme pour ensuite pouvoir travailler à la mise en place de ce système parallèle".

    I Kathimerini écrit que le projet est même arrivé à un stade très développé et cite Varoufakis assurant que le système aurait pu rapidement être très étendu avec des applications sur smartphones. "Bien évidemment, il aurait été calibré en euros mais aurait pu être changé en drachmes nouvelles en un instant".

    "Ils veulent me faire tomber pour trahison"

      "Alors comme ça, j'allais prendre en otage les numéros fiscaux des contribuables? Je suis impressionné par l'imagination de mes diffamateurs", a réagi Yanis Varoufakis sur Twitter en début de soirée.

    Interrogé par le quotidien britannique le Telegraph, Varoufakis a dénoncé plusieurs articles dans la presse grecque dont celui d'I Kathimerini qui déformaient ses propos pour donner l'impression qu'il souhaitait depuis toujours un retour à la drachme mais a reconnu que les citations retranscrites étaient bien vraies.

    "Ils veulent me présenter comme un ministre des finances qui s'est rebellé et veulent me faire tomber pour trahison, mettre à la poubelle de l'Histoire les cinq derniers mois de ce gouvernement. [Le retour de la drachme] n'a jamais été mon but en travaillant sur ce système bancaire parallèle. J'ai toujours été contre détruire l'euro car nous ne savons pas les forces obscures que cela pourrait faire déferler sur l'Europe", assure cependant Varoufakis au Telegraph.

    "J''ai toujours dit à Tsipras que ce ne serait pas une partie de plaisir mais que c'était le prix à payer pour la liberté. Mais quand le moment fatidique est arrivé, il s'est rendu compte que ce serait trop compliqué à mettre en place. Je ne sais pas exactement quand il est arrivé à cette conclusion mais je l'ai su explicitement le soir du référendum et c'est pourquoi j'ai présenté ma démission", conclut-il auprès du Telegraph.

    Le quotidien britannique confirme de son côté les propos tels qu'ils ont été rapportés par I Kathimerini. Sur Twitter, le journaliste du Telegraph Ambrose Evans-Pritchard assure avoir parlé à deux personnes qui étaient présentes lors de la conférence téléphonique à laquelle participait Varoufakis et que ces dernières ont entendu ces mêmes paroles.

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