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Le trou d’air de Podemos à quatre mois des élections
Le leader de Podemos, Pablo Iglesias, lors d’une conférence de presse à Madrid, le 6 juillet 2015. PHOTO DANI POZO/AFP
Le Parti populaire (PP, conservateur) conforte son avance dans les sondages pour les législatives de décembre. Podemos et Ciudadanos sont eux en net recul dans l’opinion. La presse espagnole conservatrice salue le retour du bipartisme.
Le bipartisme est mort ? Vive le bipartisme ! Alors que les “mouvements citoyens” de Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre droit) s’étaient imposés ces derniers mois dans le paysage politique espagnol, ces deux formations semblent perdre du terrain au profit des deux grands partis traditionnels. D’après le baromètre de juillet du Centre d’enquêtes sociologiques (CIS), le Parti populaire (PP) obtient 28,2 % des intentions de vote, devant le Parti socialiste ouvrier espagnol PSOE), 24,9 %. Podemos revient à 15,7 %, contre 16,5 % en avril et surtout 23,9 % en janvier, et Ciuadadanos retombe à 11,1 % (13,8 % en avril). Les élections législatives auront lieu en décembre en Espagne.
Ce trou d’air de Podemos et de Ciudadanos ravit le journal conservateur ABC, qui se réjouit de cette “chute libre” et du fait que “le bipartisme totalise 53,1 % de l’électorat, contre 26,8 % pour Iglesias et Rivera (les leaders des deux formations citoyennes)”. Pour le quotidien, “l’expérience du pouvoir coûte cher” aux deux jeunes partis, qui ont intégré les conseils municipaux de nombreuses villes espagnoles après leurs bons résultats aux élections locales du 24 mai.
“Podemos se dégonfle, Ciuadadanos freine et le bipartisme fait son retour”, constate de son côté El Mundo, ajoutant que “le vote utile et la frustration des alliances ressuscitent le bipartisme”. “Le regroupement des voix vers les deux blocs principaux, la droite et la gauche, est une constante historique en Espagne depuis les débuts de la ‘transition’”, poursuit le journal de centre droit. Parmi les explications avancées, il y a la crainte d’un drame à la grecque, ainsi que la radicalisation de certains élus de Podemos et Ciudadanos qui “agissent comme éperon” et ainsi renforcent le vote en faveur du PP.Le retour en force du PP et du PSOE est également “une bonne nouvelle” pour La Razón, “car cela montre que le bipartisme, que beaucoup annonçaient comme mort, est bien vivant et commence à regagner du terrain”. Les politiques gouvernementales, notamment en matière économique, donnent des résultats encourageants depuis plusieurs semaines, estime le quotidien, ce qui agit comme “un ballon d’oxygène” pour les deux principales formations espagnoles.
Le journal de centre gauche El País, lui, préfère retenir le fait que même avec 28 % des intentions de vote, le PP “ne pourrait pas gouverner seul”, et que “le besoin d’une coalition se fait plus pressant à mesure que les élections approchent”. C’est l’autre grand enseignement de ce sondage : en cas d’absence de majorité absolue pour un parti, plus de 40 % des Espagnols plébiscitent une alliance entre les socialistes et Podemos pour diriger le pays.Publié le 06/08/2015 - 11:09