• Le vrai discours du FN sur la Grèce

    Depuis six mois, médias et responsables politiques entretiennent l’amalgame entre FN et Syriza. Le parti d’extrême droite tente de surfer sur la crise grecque en brouillant les pistes. Une stratégie de double discours visant à attirer, une fois de plus, des voix d’électeurs excédés par le « système».

    Depuis la victoire électorale en Grèce de Syriza, le 25 janvier, les médias se sont fait l’écho à plusieurs reprises du soutien du Front national au gouvernement de gauche grec.

    Jusqu’au paroxysme de la crise, atteint à la fin du mois de juin. Le responsable politique ayant décroché la palme de l’amalgame en la matière n’est rien de moins que le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, qui a renvoyé la politesse à M me Le Pen, au moment de l’organisation du référendum du 5 juillet, en qualifiant son parti de « Syriza à la française». Une véritable consécration pour celle qui venait d’officialiser sa candidature à la tête de la région Nord-Pas-de- Calais-Picardie, alors que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, apparaissait comme le seul et premier chef d’un gouvernement européen à se dresser contre l’austérité imposée par les principaux pays de l’Union européenne, Allemagne en tête. Il ne restait plus, à la dirigeante du parti d’extrême droite, qu’à enfoncer le clou en saluant, au lendemain du référendum grec, « un non de liberté, de rébellion, face aux diktats européens qui veulent imposer la monnaie unique à tout prix». Et tant pis si les Grecs avaient dit « non » à l’austérité, tout en maintenant leur attachement à l’Union européenne et à l’euro ...

    TRAVESTIR LE SENS DU NON GREC

    Emmanuel Macron et éditorialistes se complaisent à assimiler extrême droite et Syriza. Pourtant, il suffit de lire dans leur intégralité les déclarations de la fille Le Pen, et de ses lieutenants, pour constater que le FN ne soutient en rien Syriza. Toujours en prenant des libertés sur la signification du non grec, Florian Philippot tirait ainsi sa conclusion du référendum: « On a démontré que l’Union européenne n’est pas irréversible. » Dans sa déclaration complète de l’après-référendum, M me Le Pen considérait qu’il fallait « organiser la dissolution concertée de la monnaie unique, condition indispensable au retour réel de la croissance, de l’emploi et au désendettement». Au-delà de ce genre d’arrangement avec la réalité, constamment mis en avant par les éditorialistes qui veulent la chute de Syriza, les déclarations de M me Le Pen se rapprochent bien davantage des positions de Wolfgang Schäuble que de celles du gouvernement grec.

    DEVANT LE PARLEMENT EUROPÉEN, LA FILLE LE PEN CONSEILLAIT À TSIPRAS DE QUITTER L’EURO. PROPOSITION AVANCÉE ENSUITE PAR L’ALLEMAND SCHÄUBLE...
    REMBOURSER LA DETTE, UN « DEVOIR ÉTHIQUE »!


    Devant le Parlement européen, par exemple, la dirigeante du FN se piquait même de conseiller à Alexis Tsipras, le 8 juillet, de quitter l’euro ... Proposition que le ministre allemand des Finances avancera lors des négociations des jours suivants, pour mettre le couteau sous la gorge du premier ministre grec. Pire encore, sur le problème de fond que la Grèce tente de régler seule contre tous depuis six mois, la position du FN est très orthodoxe du point de vue des institutions européennes: « Ne pas rembourser le principal de sa dette est un risque de réputation inacceptable et rembourser est un devoir éthique pour un État de droit », selon un communiqué du parti au mois de février dernier.

    Les mêmes leçons dispensées par Angela Merkel! Après le référendum, la présidente du FN a concédé qu’il fallait en annuler « une partie »... « On n’a pas envie que les contribuables français continuent à payer », justifiait son conseiller économique. Une simple adaptation de son discours aux événements, donc. Mais le fond de la stratégie reste le même: parier sur la crise en Europe – pour en hâter la fin –, dans une perspective nationaliste, et prendre le pouvoir en France. Une posture qui n’a rien de solidaire, et tant pis si le peuple grec en est la première victime.

    DIEGO CHAUVET de l'Humanité Dimanche Vendredi, 24 Juillet, 2015 Humanité Dimanche

     

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